Elisabeth Nuyts, logopédagogue, nous apprend que le rôle de la parole, au cœur de tous les apprentissages, est essentiel.
- Mettre en mots ce que nous percevons par nos sens nous permet de le percevoir de façon pleinement consciente. - Analyser à voix haute permet d’évoquer, de comprendre, de mémoriser à long terme. - Travailler la grammaire en vécu nous conduit à être pleinement des "êtres du verbe", capables de nous situer dans le temps, dans la conscience de nous-même et dans la relation à l'autre. - Travailler la numération en manipulant, en nommant tout, permet de donner sens aux mathématiques.
Son approche s'appuie aussi sur les travaux d'Antoine de La Garanderie et la prise en compte du mode cognitif (c'est à dire sa manière d'apprendre). Certaines personnes sont visuelles : elles ont pour entrée la vue et sont plutôt à l'aise dans les pédagogies proposées à l'école, qui font la plupart du temps appel à cette entrée. L'apport de la parole les rendra plus conscientes de leurs apprentissages et leur permettra de mémoriser à long terme...
De nombreuses personnes sont kinesthésiques (70% environ) : leur entrée est le geste associé à la vue pour certaines et le geste associé à la parole pour d'autres. Si elles ont la possibilité de manipuler et d'écrire de façon consciente (c'est à dire en parlant) au cours de leurs apprentissages, elles pourront pleinement apprendre, comprendre, mémoriser et se construire.
25 à 30 % des personnes sont auditives, leurs entrées sont l'ouïe et la parole : elles ont donc besoin de parler pour lire, pour comprendre, pour analyser, pour apprendre, pour écrire. Or, de nombreux apprentissages à l'école sont faits de façon silencieuse ou mécanique (lecture silencieuse et rapide, copie mécanique sans parole consciente), ce qui entrave les personnes auditives dans leurs apprentissages. Ce sont elles qui sont les plus en difficulté à l'école et qui ont été étiquetées: "dyslexiques", "dysorthographiques", "dyspraxiques", "dyscalculiques".
Chez les auditifs, les visuels et les kinesthésiques, les apprentissages non-conscients, qui ne font pas sens, peuvent les conduire à des attitudes violentes ou de mal-être à l'école. Elisabeth Nuyts et sa famille qui accompagnent depuis 40 ans ces personnes (enfants, ados et adultes) ont constaté que la plasticité du cerveau permet de se reconstruire à tout âge.
Je suis convaincue que sa pédagogie est une réponse adaptée aux maux de notre temps. J'ai constaté les effets bénéfiques de cette approche en me formant auprès d'elle et en l'expérimentant avec mes enfants, mes élèves en classe et en soutien scolaire.
Voici quelques-uns des outils créés par Elisabeth Nuyts et sa famille, que j'utilise au cours des séances d'accompagnement.
- Lescomptines d'ouverture permettent de ré-ouvrir l'enfant à ses perceptions. - Les activités sensorielles en parlant (en vécu à l'extérieur, en manipulant le matériel de type "organicolor", animaux à toucher...) aident à reconstruire ou consolider les perceptions. - Sa méthode de lecture syllabique Écrire et Lire sans dys. - La lecture et l'analyse à voix haute (puis intériorisée) permettent de travailler la compréhension, les liens logiques... - L'écriture consciente (en parlant) conduit au sens, à l'expression personnelle et à une orthographe solide. - La grammaire en vécu qui s'appuie sur sa Grammaire structurante, aide à retravailler la relation au temps, les pronoms personnels, la relation à soi et aux autres, le sens du verbe, du nom, de l'adjectif, la relation au monde.... - La numération en manipulant et en parlant redonne du sens aux mathématiques au niveau de la construction du nombre, des différentes opérations et des problèmes...